- esthète
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• 1881; 1838 adj.; de esthétique, d'apr. gr. aisthêtês « celui qui sent »♦ (Souvent péj.) Personne qui affecte le culte exclusif et raffiné de la beauté formelle, le scepticisme à l'égard des autres valeurs. ⇒ dilettante. « Les esthètes orageux, prompts à s'exciter » (Renard). (Laudatif) Il a un œil, un goût d'esthète. — Adj. Il est très esthète. « Un public esthète » (Michaux).Synonymes :- artisteesthèteadj. et n.d1./d Se dit d'une personne qui sent et goûte la beauté, l'art.|| Subst. Juger d'une oeuvre en esthète.d2./d Péjor. Se dit d'une personne qui place la beauté formelle au-dessus de toutes les autres valeurs.⇒ESTHÈTE, subst.Personne qui professe le culte du beau. Cf. baragouin ex. 4 :• 1. ... par l'importance cruciale qu'ils confèrent à la forme, leur volonté de faire reposer la littérature sur une convention, de s'élever au-dessus de l'universelle intelligibilité, de n'être accessibles qu'aux initiés (...) les troubadours peuvent être tenus pour des ancêtres de maint esthète moderne.BENDA, Fr. byz., 1945, p. 168.— [Avec une nuance péj.] Cf. beau ex. 138 :• 2. J'aime Maupassant parce qu'il me semble écrire pour moi, non pour lui (...) Ses livres amusent ou ennuient. On les ferme sans se demander avec angoisse : « Est-ce du grand, du moyen, du petit art? » Les esthètes orageux, prompts à s'exciter, dédaignent son nom, qui ne « rend rien ».RENARD, Journal, 1893, p. 152.Rem. On rencontre ds la docum. des ex. de esthète en fonction adj. Aujourd'hui, nous recevons de l'Angleterre pour l'habillement de la femme française les effroyables couleurs esthètes! (GONCOURT, Journal, 1892, p. 266). Un catholique esthète, comme Brentano (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 270).Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. 1838 adj. (Ac. Compl. 1842 : Esthète. Susceptible d'être senti, de fournir des sensations); 2. 1881 subst. (J. CLARETIE, La Vie à Paris, p. 420-421 ds R. Hist. litt. Fr. t. 64, p. 438). 1 empr. au gr.
« qui perçoit par les sens » (cf.
« faculté de percevoir, sensation »); 2 dér. régressif de esthétique. Fréq. abs. littér. :122. Bbg. JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. de Philol. fr. et de Litt. 1915/1916, t. 29, p. 67. — LETHÈVE (J.). Un mot témoin de l'époque « fin de siècle » : esthète. R. Hist. Litt. 1964, t. 64, pp. 436-446.
esthète [ɛstɛt] n. et adj.ÉTYM. 1838, adj.; nom, 1881; infl. de l'angl. aesthete, d'après esthétique; grec aisthêtês « celui qui sent ».❖1 Vx (Hist.). Personne prônant le culte de la beauté, d'un beau inaccessible au vulgaire. || Les esthètes se singularisèrent par leur ésotérisme, leur amour du passé, de l'art naïf (⇒ Préraphaélite), leurs particularités de langage et d'habillement.2 Mod. (souvent péj.). Personne qui affecte le culte exclusif et raffiné de la beauté formelle, et le scepticisme à l'égard des autres valeurs. ⇒ Dilettante. || Il n'y a pour lui ni bien ni mal; il juge en esthète.1 La Préface de Mademoiselle de Maupin marquera (…) les réactions des esthètes de la Jeune-France.♦ (En bonne part). Personne qui a le culte du beau. ⇒ Artiste. || Ce photographe est un esthète.♦ Adj. || Il est très esthète. || Porter un jugement esthète.2 (…) douleur mimée par un homme qui ne sait plus ce que c'est (tas d'esthètes tous) devant un public esthète qui n'en sait pas davantage.Henri Michaux, Un Barbare en Asie, p. 203.❖DÉR. Esthétiser, esthétisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.